Création d’un Sénat au Bénin : Théodore Holo prône la prudence et la rigueur avant tout jugement

Alors que la proposition de création d’un Sénat divise déjà la classe politique et l’opinion publique, le professeur Théodore Holo, ancien président de la Cour constitutionnelle, a choisi de réagir avec mesure. Interrogé sur le sujet, le constitutionnaliste salue le débat institutionnel qu’il juge légitime, tout en appelant à une lecture approfondie du texte avant toute prise de position.
« Il faudrait que j’aie les textes pour pouvoir apprécier ce que proposent les députés »,
a-t-il déclaré, soulignant la nécessité d’une analyse juridique avant tout commentaire.
Un vieux débat ressuscitéPour le professeur Holo, l’idée d’une seconde chambre parlementaire n’a rien de révolutionnaire dans l’histoire politique béninoise. Il rappelle qu’à la suite de la Conférence nationale de février 1990, les rédacteurs de l’avant-projet de Constitution avaient déjà imaginé la mise en place d’un « Conseil des anciens », aux côtés de l’Assemblée nationale.
Ce Conseil devait regrouper des chefs traditionnels, des hauts fonctionnaires et des Béninois de la diaspora, afin d’apporter sagesse et expérience dans la prise de décision politique. Le texte prévoyait également la création d’un pôle de médiation, qui inspirera plus tard l’institution du Médiateur de la République.
Cependant, ces innovations n’avaient pas été retenues dans la Constitution de décembre 1990, jugées à l’époque trop coûteuses et inadaptées au contexte économique du pays.
Le poids du contexte économique et socialSelon le juriste, le rejet populaire de l’époque s’expliquait avant tout par des considérations financières.
« Ces propositions ont été refusées par la majorité des citoyens, qui estimaient qu’elles coûteraient trop cher à la République, compte tenu de la situation économique du Bénin à l’époque »,
a rappelé le professeur Holo.
À la sortie d’une grave crise économique et politique, les Béninois souhaitaient alors une organisation institutionnelle simple, stable et peu onéreuse.
Mais, reconnaît-il, les besoins du pays ont évolué depuis, et il n’est pas exclu que la réflexion sur un Sénat ou un Conseil des sages retrouve aujourd’hui une pertinence nouvelle.
Des institutions qui évoluent avec le temps
Pour Théodore Holo, le débat actuel s’inscrit dans une dynamique d’adaptation institutionnelle.
Il cite en exemple le Médiateur de la République, qui figurait déjà dans les premières ébauches constitutionnelles avant d’être finalement créé plusieurs années plus tard.
« Il n’est pas exclu que la situation actuelle amène à vouloir créer un Conseil des sages ou un Sénat »,
reconnaît-il, tout en rappelant que la réflexion doit rester technique, non partisane et guidée par l’intérêt national.
Entre réserve et ouverture
Sans se prononcer pour ou contre le projet porté par les députés Aké Natondé et Assan Seibou, l’ancien président de la Cour constitutionnelle affiche une posture d’ouverture prudente.
Son message est clair : ne pas condamner ni approuver sans étude sérieuse du contenu de la proposition.
Cette position, empreinte de rigueur intellectuelle, reflète la méthode de celui qui a longtemps incarné l’esprit de la Constitution béninoise : analyser avant de juger.



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